Il est temps que Wal-Mart importe de l’équité: Ce qui est bon pour Shanghai est bon pour Chicoutimi
Message de
Wayne Hanley, directeur national des TUAC Canada
En tant que plus grand importateur canadien (voire mondial) de marchandise de la Chine, la prochaine commande entrante de Wal-Mart devrait inclure la même attitude prosyndicale que la compagnie a démontrée envers ses « associés » chinois à une vingtaine de magasins Wal-Mart en Chine, récemment syndiqués avec son assentiment.
Une autre entente conclue dernièrement, cette fois-ci avec les employés de la chaîne ASDA appartenant à Wal-Mart en Angleterre, confirme que la compagnie Wal-Mart est capable non seulement de coexister avec des syndicats mais aussi qu’elle peut coopérer avec des travailleurs syndiqués afin de créer un milieu de travail plus équitable.
Comme Wal-Mart pourra le constater, les milieux syndiqués ont généralement un taux de roulement de main-d’œuvre beaucoup moins élevé que dans ses établissements non syndiqués et sont par conséquent plus productifs. Wal-Mart devrait aussi bénéficier d’une diminution d’accidents du travail car un comité de santé-sécurité solide fait partie intégrante d’un environnement syndiqué.
Alors, au lieu de réaffecter des profits à faire obstacle aux campagnes de syndicalisation, les opérations de Wal-Mart en Chine et en Grande-Bretagne pourront maintenant commencer à miser sur la stabilité et la productivité accrue qu’apporte la paix industrielle.
Les TUAC Canada ont récemment eu le plaisir d’accueillir un groupe de syndicalistes venant de la All-China Federation of Trade Unions (ACFTU). Lors de nos pourparlers, nous avons discuté de plusieurs sujets ayant trait au monde du travail international, y compris Wal-Mart et sa position modifiée à l’endroit de la syndicalisation. La réunion s’est terminée sur un ton d’enthousiasme, et certains participants ont suggéré que l’approbation de Wal-Mart face à la négociation collective marque le début d’une nouvelle ère pour la compagnie.
Si cela est le cas, l’attitude de Wal-Mart envers ses employés du secteur détail chinois demeure à arriver en Amérique.
Les TUAC Canada essayent depuis quelques années d’aider les employés canadiens de Wal-Mart à se syndiquer. En fait, plusieurs d’entre eux ont signé des demandes d’adhésion et huit unités Wal-Mart individuelles ont été accréditées au Canada au cours des neuf dernières années.
Cependant ici au Canada, contrairement à la Chine ou la Grande-Bretagne, la compagnie a tordu le système juridique de sorte à contrecarrer et atermoyer les négociations de premières conventions collectives par tous les moyens possibles afin de faire renverser ces accréditations ou les prolonger jusqu’à ce que les employés qui se sont initialement joints au syndicat aient quitté leur emploi pour s’en aller ailleurs. Par exemple, un magasin Wal-Mart à St-Hyacinthe, au Québec, est présentement en procédure d’arbitrage exécutoire en vue d’une première convention, presque deux ans après l’accréditation de l’établissement!
ourquoi Wal-Mart est-elle si consentante à accepter les décrets des législateurs chinois et britanniques mais, par contre, si réticente à accepter de se soumettre au cadre juridique établi par les législateurs canadiens? Pourquoi les lois d’un pays sont-elles reconnues tandis que celles d’un autre sont utilisées dans le but de retarder et de priver les travailleurs de leur droit de se syndiquer? Pourquoi cette façon de faire différente?
Apparemment Wal-Mart a accepté, qu’à certains endroits, elle doit adapter sa politique de relations du travail aux coutumes et aux valeurs des pays où elle exploite son entreprise mais pas ici au Canada.
Dès le départ, Wal-Mart Canada s’est opposée à la syndicalisation de ses magasins canadiens. Effectivement, lors de son acquisition de Woolco en 1994, Wal-Mart a expressément exclu des douzaines de travailleurs syndiqués de l’entente d’achat. Lorsque les salariés aux magasins de Windsor (Ont.), de Quesnel (C.-B.) et de Jonquière et Sainte-Foy (Qué.) ont tenté de former un syndicat à leurs magasins, Wal-Mart s’est vue déclarée coupable d’ingérence dans leur droit d’association. Regardez ce qui s’est passé à Jonquière, où Wal-Mart a fermé son magasin l’année dernière peu après que les employés s’y sont syndiqués. La haute direction de Wal-Mart ignorait peut-être que les Québécois – comme les Chinois et les Britanniques – considèrent le mouvement syndical et le droit d’adhérer à un syndicat des éléments clés de leur culture. Justement, l’engagement historique des Québécois au syndicalisme est l’une des raisons que leur société de distingue de plusieurs autres collectivités en Amérique du Nord.
Si cela convient à Wal-Mart d’avoir un syndicat à Shanghai, il devrait en être de même pour Chicoutimi et tout autre Wal-Mart au Canada.
D’après les précédents établis en Chine et en Grande-Bretagne, les Canadiens pourraient s’attendre que Wal-Mart cède dorénavant aux droits constitutionnels de ses employés canadiens et aux traditions et aux moeurs du peuple canadien.