Patricia Perez
À titre de militante de justice sociale et d’organisatrice syndicale, Patricia s’est donné pour objectif de changer cette situation. Elle était une participante plutôt qu’une observatrice, et son insistance que le Canada devienne un pays plus juste a fait une grande différence dans la vie et les espoirs de milliers de travailleuses et travailleurs agricoles migrants amenés dans notre pays chaque saison. Patricia Perez, 1955 - 2007Plusieurs de ces travailleurs migrants viennent du Mexique : un pays que Patricia fut obligée de fuir en 1996 lorsque ses activités de promotion de justice sociale y ont résulté en agents armés déguisés en civil lui demandant impérativement de quitter le pays ou de faire face à de graves conséquences. Tôt après son arrivée à Montréal, elle reçut un appel de la part d’une connaissance lui demandant de servir de traductrice pour des travailleurs migrants mexicains blessés se faisant soigner dans un hôpital de Montréal. À partir de ce jour-là, elle s’est dévouée à aider d’autres travailleurs migrants aux prises avec des problèmes d’ordre culturel, juridique et médical, et en particulier des problèmes dans leur milieu de travail, d’abord en tant que bénévole et ensuite en 2004 comme directrice du centre de soutien des TUAC Canada pour travailleurs migrants situé à St-Rémi. Elle a lutté sans répit contre la discrimination à laquelle les travailleurs agricoles migrants font face dans le cadre du programme fédéral qui les fait venir ici, surtout contre leur exclusion lorsqu’il s’agit de déterminer leurs conditions de logement et de travail ainsi que leurs salaires. De plus, elle a réussi à faire ce que personne d’autre n’avait jamais fait auparavant au Québec : elle a formé la première unité syndicale de travailleurs migrants à un établissement agricole québécois. Cette nouvelle fut annoncée seulement une semaine avant sa mort, tout comme la nouvelle que des requêtes en accréditation visant deux autres établissements agricoles québécois ont été annulées pour le moment. Alors la lutte doit se poursuivre mais Patricia ne se serait pas découragée. Lors d’un service funèbre quelques jours après son décès, de nombreux travailleurs migrants venus en autobus figuraient parmi les quelque 500 visiteurs ont rendu leurs derniers respects. Ils ont parlé d’elle comme une amie, une deuxième mère et une inspiratrice. « Nous y arriverons », disait-elle aux travailleurs, et ensemble ils y sont effectivement arrivés. Elle a semé le courage et la campagne qu’elle a nourrie continue de croître. |